SKRIKODROME

Prototype d’un nouveau type de mobilier urbain.

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________________Vidéo de la 1er sortie publique du SKRIKODROME le 5/10/2013

 

 

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______________________Vidéo du 1er test du SKRIKODROME le 29/08/2013

 

 

Critique de restitution

Une cabine gris béton de 300 x 100 x 100, poignée de porte comme une roue de coffre-fort, sur le toit un haut-parleur trompe dressé vers le ciel. L'intérieur est capitonné de mousse à picot ( grise elle aussi), face à nous un micro serti d'un grand disque d'argent. Il faut entrer. Dés l'ouverture de la porte, le microphone amplifie chaque son produit rendant la boîte hypersensible, tout vibre et grésille. Refermer la porte derrière vous et cela cesse. Vous êtes seul maintenant, totalement isolé, protégé, les bruits extérieurs ne vous parviennent plus, l'amplification a disparu, vous êtes bien. Si vous avez eu une explication vous savez que le Skrikodrome est un défouloir urbain, que vous êtes censé y crier. Ne vous gênez pas, criez!... ou pas. Certains ont chanté, ont récité, certains y entrant à plusieurs ont discuté. Très vite le Skrikodrome devient un diffuseur urbain que l'intimité de la cabine rend prolixe et foisonnant. On reste autour, on attend son tour, on y retourne, on ouvre la porte pour s'adresser "directement" à ceux du dehors qui écoutent, attendent. Le/les locuteur/s se projette/nt dans la multitude, disparaissant de soi pour n'être que voix. De chaque côté de la porte, on oublie. Quand il ressort, celui qui diffusait depuis la boîte, qui n'était que sons (au début était le verbe), acquière un corps, réintègre son corps, il s'incarne (une sorte de Jésus de Sabbat) et nous revient.
Nous revient ? Pourtant quand quelqu'un ressort d'une cabine (douche, confessionnal, photomaton, isoloir) il garde son secret, ce qui s'est passé sans nous ne saurait être divulgué que par l'aveu ou la confidence. C'est tout un contraire qui se fait ici. Le moindre son produit dans la cabine du Skrikodrome est diffusé à l'extérieur à un volume élevé (nous y reviendrons), tout s'expose, se livre, la vie de la cache est amplifiée, elle n'est pas volée, sournoisement dévoilée, elle est offerte. Plus qu'une exposition de soi ou un théâtre immédiat, il y a un don de soi, un don absurde et gratuit, un don simple, une mise à nu d'enfant ("t'u nu", dit-elle à ses parents en arrivant dans la forêt).
Cependant Il y a toujours dans le travail d'Olivier Nourisson un excès un outrage un conflit un ding. Le don via le Skrikodrome ne se fait pas discrètement. Nous l'avons dit l'amplification est importante, le volume est élevé. Le Skrikodrome est prévu pour crier et avoir son cri amplifié, une amplification maximum et si les visiteurs de ce 29 août à la générale se sont immédiatement réappropriés, ont immédiatement détourné (alléluia! criaient les païens) l'objet et sa fonction, le volume élevé de la diffusion est resté le même, personne n'a eu envie de le modifier. Ce qui est diffusé prend une épaisseur singulière bombardé qu'il est par le volume, quand l'émetteur isolé dans la cabine (même s'il pousse un cri fort et long) est dans un rapport d'intimité et alors qu'il s'active dans le secret de sa chambre, ce qui est délivré dérange, prend la place de, coupe la parole, s'impose… ou se fond. Tout prend fonction de prière de discours et de déjà passé. Reste (entre autres, certainement) le secret de la divulgation d'un secret: que se passe-t-il donc dans cette chambre qu'on le transmette instantanément à nous tous ?

Frederic Danos

 

 

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